Une étrange dimension

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UNE ÉTRANGE DIMENSION

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La nuit, pendant que les autres dorment, moi... je voyage.

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Non, il ne s'agit pas de rêves. Ah... j'hésite à me livrer. Je crains qu'on me prenne pour un fou. Je l'ai fait une fois, auprès de mon psy, dans son cabinet à l'atmosphère feutrée. À la fin de la séance et bien qu'il ne voulait rien en laisser paraître, j'ai bien senti que celui-ci avait été troublé par les confidences que je lui avais faites. Je le vois chaque semaine depuis l'année passée, depuis que j'ai eu cet accident automobile le jour où j’ai fêté mon anniversaire, mes quarante ans. C'est d'ailleurs peu de temps après cet événement que mes voyages nocturnes ont commencés. Il en a été le déclencheur. Sans cette folle soirée, rien ne se serait passé. J’aurais continué à vivre mon existence de larve comme tous les autres et cela ne m’aurait pas été très difficile puisque je n’avais jamais connu autre chose.

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La première fois que j'ai voyagé, bien qu'il ne s'agissait pas d'un véritable voyage, c’était tout juste une escapade accidentelle, j'ai été envahi par une grande peur. Croyez-moi, il n'est pas facile de se retrouver à planer au-dessus de ce qu'on pensait être soi. D'abord, lorsque cette situation survient, on imagine immédiatement être mort. Tous les récits et témoignages de gens ayant fait l'expérience d'un trépas imminent parlent de sorties du corps. C'est pourquoi, au moment où cela m'est arrivé, je me suis figuré que j'étais en train de passer le pas. Peut-être était-ce le cas. Je me trouvais sur une table d'opération et quatre ou cinq personnes s'agitaient autour de moi. Je les voyais très nettement et s'il n'y avait pas eu ces masques de chirurgiens pour cacher leurs visages, je suis certain qu'il m'aurait été possible de les reconnaître à mon réveil, la semaine suivante.

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On pourrait croire que le coma est un état d’apathie extrême. Un état hors du temps pour celui qui en est la victime puisque seules les fonctions vitales sont activées. N’en reste, dit-on, au moment de sa sortie, si l’on en revient, qu’un film noir dont sont exempts tous souvenirs.

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