La clef du cimetière

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La clef du cimetière

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Pourquoi met-on des serrures aux portes de cimetière ? Je me suis souvent posé cette question. Si l'on réfléchit à cette situation effective, on réalise rapidement que rien qui soit de grande valeur n’est entreposé dans ce genre d'endroits ; rien qui puisse inciter les pilleurs de tombes à investir les lieux en tout cas — en général, les vivants gardent les richesses des morts pour eux. À moins d’imaginer une nouvelle forme de kidnapping : — « envoyez-moi dix-mille euros si vous voulez revoir le squelette de votre grand-mère en entier ! Ci-joint la première phalange de l’auriculaire droit pour preuve de notre détermination. » — Certainement, il s’en trouverait pour payer, il en est qui sont très attaché aux reliques, mais ce ne serait certes pas le cas pour la majorité, loin de là. Et puis si de telles opérations s’avéraient rentables, je suis persuadé que bon nombre de truands à la petite semaine se seraient déjà recyclés.

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Quelles autres richesses que celles qui lient sentimentalement les vivants aux défunts sont-elles susceptibles d’attiser la convoitise ? Des pots de fleurs en plastique aux couleurs passées ? Des dalles de marbre gravées ? Des croix de pierre ? Des outils de cantonnier ? Quoi d’autre ? Non, vraiment, je ne vois pas. Et si ces serrures, au lieu de dissuader les gens d’entrer, étaient en place pour prévenir toute évasion nocturne ? Il est bien connu que la nuit les habitants des cimetières s’agitent, pas seulement sous la forme de feux follets. À l'approche des nécropoles, tous ceux qui en ont fait l’expérimentation vous le diront, des bruits étranges se font entendre, des grattements, des appels étouffés. Pourquoi croyez-vous que l’on recouvre d’énormes dalles les derniers abris de nos chers disparus ? Eh, oui ! Afin de couvrir le risque qu’elles soient soulevées, car dès lors que le mort se trouverait libéré, Dieu seul sait ce qu’il adviendrait.

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Longtemps, je me suis interrogé, me demandant si ces histoires sur les zombies entendues ou lues un peu partout au cours de mes pérégrinations avaient une part de vérité. Je ne pensais pas qu’un jour la vie m’offrirait l’opportunité de faire une expérience dont la conduite mènerait à confirmer ou infirmer la réalité des faits qu’elles véhiculaient. Jusqu’à ce que, cet été, ayant eu le divin plaisir de partir en vacances dans l’arrière-pays varois, cette opportunité me fut donnée.

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