Putain de vie et vice versa

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Putain de vie et vice versa

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Elle en avait fait des rêves dans ce train qui la conduisait à Paris. Ils s’étaient envolés, étaient retombés en pluie. Elle en avait marre des hommes, des hommes et de leurs saloperies. Elle en avait marre de sa vie, de sa vie et de ce boulot. Sur son bout de trottoir, pendant qu’elle prenait des pauses au passage des automobiles, elle pensait à son pays... le pays de ces amis... le pays de ses amours.

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Elle en avait fait des rêves dans ce train. Elle s’était vue au bras d’un garçon qui allait lui offrir son existence, un garçon qui deviendrait un homme en lui faisant un enfant, un homme sur l’épaule duquel elle allait pouvoir se reposer quand le vent des tempêtes de la vie se mettrait à tourbillonner. Et puis…, et puis, celui qu’elle avait croisé dans cette gare immense où la foule drainée vers les couloirs ne voyait rien, celui qui lui avait plu dès le premier regard, celui-là ne possédait aucune des qualités qu’elle espérait lui trouver ; il n’était pas ce qu’il prétendait être. Il était beau, voilà tout, et avait le sourire d’un ange. Pouvait-elle s’imaginer que derrière celui-ci se cachait la grimace d’un diable ?

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Il l’avait abordée sous un prétexte futile. Lui avait-il demandé l’heure, du feu pour allumer une cigarette, autre chose ? Elle ne s’en souvenait plus. Par contre, elle revoyait toujours son visage et l’expression sauvage qu’il affichait lorsque le coin de ses lèvres s’étirait en laissant apparaître ses dents de carnassier. On pouvait dire ce qu’on voulait de Marc, il s’appelait Marc, ses défauts étaient innombrables, mais ce qu’on ne pouvait nier, c’est qu’il possédait un charme prodigieux, même si l’on devinait immédiatement en lui une brutalité inquiétante. Peut-être était-ce là son attrait principal, ce talent à dominer les autres du regard sans avoir à se montrer menaçant. Sans effort, il distillait la crainte autour de lui, la crainte et une étrange séduction. Presque tous ceux qui l’approchaient étaient sensibles à son charme ensorcelant, même les autres hommes. Il usait de ce talent pour attirer à lui ceux qu’il voulait soumettre et coucher dans son lit. Pour l’amour, il les préférait aux femmes. Elle s’en était aperçue plus tard, trop tard.

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Donc, elle était descendue du train en même temps que de ses rêves naïfs et avait trainé sa valise à roulettes derrière elle jusqu’au bout du quai. Là, elle s’était arrêtée et s’était interrogée : « et maintenant qu’elle avait franchi l’espace qui la séparait de son avenir, qu’allait-elle faire dans ce monde étranger, si affairé qu’il ignorait sa présence ? » Marc était apparu devant elle avant qu’elle ait eu le temps de décider quelle direction elle allait prendre. Il était beau, est-il utile de le redire ? Il se mit à parler et ne sut plus s’arrêter que pour l’écouter reconnaître la justesse de ses propos, dont pourtant elle n’entendait rien, ou la regarder glousser bêtement, déjà certain de la tenir sous son emprise.

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