Une étrange dimension

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Une étrange dimension

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Sans doute est-ce ainsi qu’il est ressenti par la majorité des gens qui y sont plongés, mais pour moi ce ne fut pas le cas. Tout le temps pendant lequel je fus maintenu endormi, je fus conscient à chaque instant de ce qui m'entourait, avec presque autant d'intensité que lorsque j'étais en état de veille avant l'accident. Non seulement j'entendais ce qui se disait autour de moi et je le comprenais, mais je savais aussi percevoir les détails des corps qui entraient dans ma chambre.

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Je me souviens avoir surpris une jeune femme qui venait les premiers temps faire le nettoyage de la salle dans laquelle j’étais alité et inanimé. J'aimais le son de sa voix lorsqu'elle s'adressait à sa collègue ou quand elle me parlait en pensant que j'étais dans l'impossibilité de l'écouter. Son accent chantant la dessinait mieux que toutes choses. Elle possédait une voix douce et s’adressait à moi avec toujours beaucoup de respect sans se douter un instant que je voyais son visage comme si j’avais eu les yeux ouverts et que je la regardais comme au travers d’une petite lucarne. Par quel miracle ? Je ne saurais le dire.

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Un jour que j'avais été transporté dans un autre service, je n'étais plus en réanimation, en compagnie d'une seconde fille, elle se présenta pour faire le ménage dans ma chambre. Avant qu'elle n'ait eu le temps de prononcer le moindre mot, au moment où elle a passé la porte, je lui ai dit le bonjour en l'appelant par son prénom. Elle m'a regardé avec étonnement, ce qui est compréhensible, mais aussi avec dans les yeux l’expression d’une certaine crainte comme si j'avais été quelqu'un de différent, quelqu'un possédant un pouvoir occulte, quelqu'un capable de deviner les pensées. L'idée que j'ai pu l'observer tournant autour de mon lit, même de manière imparfaite, alors que j'étais totalement immobile et sous perfusion ne lui a pas traversé l'esprit une seconde. Elle ne pouvait savoir que je voyais au-delà de mes paupières closes dans ces instants. L’aurait-elle su qu’elle ne l’aurait sans doute pas admis.

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Au bout de quatre semaines, j'ai quitté l'hôpital en me traînant comme un mollusque entre deux béquilles. C'est mon frère qui est venu me chercher. Je ne tenais pas à retourner chez moi à bord d'une ambulance.

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