Histoire de Mârha

Jr di Casa

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Histoire de Mârha

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jetée à terre inanimée où une nouvelle avalanche de coups s'abattit. Dans la mêlée, sa robe s'en trouva retroussée dévoilant son intimité. D'un geste pudique déplacé, on tira le vêtement afin de cacher la nudité de ses cuisses pendant que, d'un autre côté, à l'aide d'une grosse pierre, on brisait par deux fois les os de son crâne. Une nappe rouge d'épaisse consistance se répandit sur le sol annonçant la fin du bal morbide. Aussitôt, on s'éloigna d'un pas traînant, chacun de son côté, soulagé de sa hargne et sans remords, certain d'avoir agi de la bonne manière, en laissant le corps saccagé sur les dalles, abandonné. Alors, au commandement de son prince, la troupe de cavaliers s'ébranla et, sans un écart, sur les restes de Mârha passa.

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Elle demeura là jusqu'à l'heure du midi. La nouvelle de sa mise à mort s'était répandue à travers la ville. Les hommes trop fiers d'avoir donné la leçon à cette étrangère effrontée s'étaient vantés de leur haut fait. Quand elle atteignit les bas-fonds, Sirana devina immédiatement de qui la rumeur parlait. Elle parcourut les rues de la cité en courant, le cœur battant, et lorsqu'elle arriva sur la place de garde, elle y découvrit le corps de Mârha qu'on avait caché sous un drap, étendu sur une charrette à bras. Trois vieilles femmes s'apprêtaient à l'emporter au dehors des murs de la citadelle. Sirana s'approcha d'elles et, les yeux pleins de larmes, demanda l'autorisation de les accompagner. Mais la plus édentée des trois lui dit :

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— Hélas, ma fille, je réalise à ta mine que ta peine est grande, mais des hommes de troupe nous ouvriront le chemin. Ils refuseront que tu viennes avec nous. Va, retourne chez les tiens.

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— Je voudrais la voir une dernière fois.

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— Non ! Tu ne le peux pas. Quel que soit son crime, elle ne méritait pas ce que ses bourreaux lui ont fait. Tu ne la reconnaîtrais pas.

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— Est-ce à ce point ?

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— Ça l'est, en effet.

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— Mais où l'emmenez-vous ?

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— Au dehors de la ville, dans les bois. Où ? Nous ne savons pas. Nous ne sommes là que pour le portage. Maintenant, éloigne-toi, voilà les soldats.

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Sur ces mots, la vieille tourna le dos. Elle s'agrippa au brancard, imitée par ses deux compagnes, et à la suite de quatre piquiers, tirant et ahanant, elle s'en alla au-devant de la carriole funèbre.

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