Jour merveilleux

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Jour merveileux

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Tu regardes Bruno en éteignant ton appareil. Lui regarde sa montre et écarquille les yeux. « — Bordel ! » il laisse échapper et dans la foulée il te prie de l’excuser pour cet écart verbal. Tu ris, lui aussi, bêtement, sans raison. « — Bruno, j’ai été ravie de passer cet instant avec toi, mais il faut que j’y aille. » — « — oui, moi aussi. » Puis il te dit qu’il serait plus sage que tu partes la première et que lui attende un peu. Cela ferait mauvais effet si l’on vous voyait arriver ensemble. Sûrement, certains ne pourraient pas s’empêcher d’imaginer des choses et ne manqueraient pas d’en faire des gorges chaudes. Tu es d’accord avec lui. Tu te lèves et tu enfiles ton manteau, puis, sur un au revoir, tu t’éloignes. Te voici à la porte du bar. Là, au moment de sortir tu hésites, alors, d’un pas vif tu reviens vers Bruno. Il semble tout étonné de te découvrir debout à côté de lui. Sans lui laisser le temps d’ouvrir la bouche, tu te penches et tu l’embrasses sur la joue, là, juste à l’endroit où sa fossette dessine une virgule. Il te regarde, sourit, a l’air d’un jeune garçon joyeux. Tu demandes :

« — tu finis à quelle heure ?

— Seize.

— Je t’attendrais ici. Tu veux ?

— Oui, bien sûr, évidemment, évidemment… »

Tu t’enfuis. D’un pas rapide, tu traverses la rue. Te voilà dans l’immeuble. La porte de l’ascenseur s’ouvre. Tu es dedans et tu appuies sur le bouton du troisième étage. Tu t’élèves. Tu suis un couloir jusqu’à la porte de ton bureau et te voilà à ta place. Tout s’est passé comme dans un rêve. Ton patron arrive sur ces entrefaites.

« — Josépha ! Vous êtes arrivée ! On ne vous attendait plus. Que s’est-il passé, vous avez eu un problème ?

— Non, Monsieur Passy, un simple contretemps. Je suis désolée. J’espère que vous n’avez pas eu besoin de moi.

— Non, je peux me passer de vos services de temps à autre, vous savez. Néanmoins, vous auriez pu me passer un petit coup de fil, m’envoyer un e-mail ou un SMS afin de m’avertir de votre retard.

— Oui, c’est vrai, mais j’étais tellement préoccupée que je n’ai pas pensé à le faire. Je suis navrée, vraiment.

— Je n’en doute pas, Josépha, je n’en doute pas. Bon, pour la prochaine fois songez-y ! »

Il récupère sa serviette, décroche sa veste de cuir du portemanteau et quitte la pièce. Il a rendez-vous dans Paris. Tu restes seule. Machinalement, tu te lèves et tu vas à la fenêtre. Les nuages se sont dispersés et ont cédé la place à un ciel plus bleu. La vue donne sur la rue. Des gens vont et viennent sur les trottoirs au milieu du brouhaha de la circulation automobile. En face, sur l’autre trottoir le café où tu as passé une partie de la matinée paraît minuscule et au moment où ton regard se pose sur sa porte, elle s’ouvre. C’est Bruno qui apparaît engoncé dans son gros blouson dont il a remonté le col. Il s’arrête sur le bord du trottoir, surveillant les allées et venues des voitures et guettant l’instant opportun pour traverser. Un rayon de soleil choisit cette seconde d'inertie pour venir le toucher. Il lève la tête par réflexe cherchant à capter un peu de sa chaleur. Il t’aperçoit ; alors, tu vois son sourire.

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FIN

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