Zig ! Bang ! Boum !

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Zig ! Bang ! Boum !

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Le son de ma voix résonnait dans ma boîte crânienne comme lancé d’un épais brouillard et je ne parvenais pas à déterminer si la déformation des syllabes sortant de ma bouche se faisait à la source ou seulement lorsque les mots me revenaient par l’entremise de mon circuit auditif. En voyant mon père jeter un regard de détresse à Jocelyn, je compris que mes difficultés n’étaient pas seulement sonores. Je bafouillais comme un homme ivre, ce qui, tout bien considéré, était compréhensible. Mon frère qui avait capté le regard de mon père tourna alors la tête vers moi et prononça mon prénom afin d’attirer mon attention. Je tournai à mon tour la tête non sans sentir un léger balancement de celle-ci et j'ouvris deux grands yeux vitreux pensant donner une impression de grande lucidité. Jocelyn ne me dit pas un mot de plus. Il reporta simplement son attention sur mon père et s’exclama avec une expression atterrée :

« — mais il est saoul !

— J’ai fait une pas très bonne rencontre, me défendis-je alors dans un français incertain. »

Mon père m’observa avec un air réprobateur et son regard pesant fit naître en moi un sentiment de honte malgré l’ivresse. S’il m’était arrivé quelques fois de boire plusieurs bières à la file dans une journée et même d’avoir été légèrement ivre, jamais je n’avais atteint un état aussi pitoyable.

« — Écoute, reprit mon père, je pense que le plus raisonnable est de reporter cette discussion à une autre fois. Tu n’es pas en condition pour soutenir une conversation.

— Mais si ! — je me défendis. — De quoi s’agit-il ? »

Mon père hésita et se tourna vers mon frère qui prit alors le relai.

« — Voilà Nicolas, j’ai une proposition à te faire. Jusqu’ici, je n’ai jamais fait grand-chose pour toi, mais puisque l’occasion de t’apporter mon aide m’est offerte, il me serait impardonnable de ne pas le faire, même si je ne puis m’empêcher d’hésiter étant donné l'état assez lamentable dans lequel je te découvre.

— Quoi tu t’mêles, murmurai-je.

— Pardon ?

— Non, rien.

— Nicolas, je pense que père a raison, il vaut mieux remettre à plus tard cette conversation. Tu n’es vraiment pas dans un état normal.

— Pourquoi, tu crois l’être toi dans un état normal ? Moi, j’ai rien demandé. J’en ai rien à foutre de ta proposition.

— Nicolas ! s’exclama mon père. Que t’arrive-t-il ? Je t’interdis de parler ainsi sous mon toit ! Écoute, monte dans tes appartements ! Cela vaut mieux pour tout le monde. Nous discuterons un autre jour.

— Mais…

— Sors de chez moi, Nicolas ! Sors de chez-moi ! »

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